L’hypothyroïdie est une maladie provoquée par un manque d’hormones thyroïdiennes. C’est un mal qui touche une femme sur 8 ayant plus de 50 ans. Plusieurs causes peuvent conduire au dysfonctionnement de la glande thyroïdienne. Les conséquences de cette maladie sont néfastes pour la santé, surtout lorsqu’elle devient chronique. Son traitement peut durer toute une vie. L’hypothyroïdie touche aussi bien les adultes que les nouveau-nés. Dans cet article, on vous dit tout sur le diagnostic, les mesures de dépistage, les causes, les symptômes et les traitements de ce mal qu’est l’hypothyroïdie.
Sommaire
Ce qu’il faut savoir de l’hypothyroïdie
La thyroïde est une glande qui sécrète les hormones thyroïdiennes telles que la triiodothyronine et la thyroxine. Cette glande a une forme de papillon et se situe à la base du cou. La sécrétion de la triiodothyronine et de la thyroxine se fait sous la surveillance du TSH, une hormone produite par l’hypophyse.
On parle d’hypothyroïdie lorsque la thyroïde produit une quantité insuffisante d’hormones thyroïdiennes. L’insuffisance de ces hormones entraine des effets néfastes sur les tissus et le métabolisme de l’organisme.
Généralement, les maladies auto-immunes constituent la cause principale de l’hypothyroïdie. Lorsqu’elle est due à un dysfonctionnement de thyroïde, on parle d’hypothyroïdie primaire ou primitive. Lorsqu’elle est causée par la TSH, on parle d’hypothyroïdie secondaire.
Les femmes sont les plus touchées par la maladie ; et le risque est encore plus élevé lorsqu’elles dépassent la barre des 50 ans. 3 % des femmes souffrent de l’hypothyroïdie contre un taux de b0, 5 % au niveau des hommes.
Lorsque l’hypothyroïdie est négligée et laissée sans traitements, elle entraine des complications très graves. Lorsqu’elle est chronique, elle peut durer plusieurs années et même toute la vie. Quelle que soit son origine, elle doit être médicalement prise en charge.
Les causes et facteurs de risques de l’hypothyroïdie
L’hypothyroïdie est une maladie très fréquente qui touche beaucoup plus les femmes. 1 femme sur 100 en souffre dans le monde.
La fréquence de cette pathologie connait une augmentation avec l’âge. L’hypothyroïdie se déclenche suite à la destruction de la glande thyroïde. Les causes sont nombreuses et diverses.
- la thyroïde de Hashimoto: c’est une maladie auto-immune qui entraine le bousillage progressif de la glande thyroïde par une inflammation chronique. En effet, c’est le système immunitaire qui attaque la glande. Jusqu’à ce jour, il n’existe pas d’explications scientifiques pour comprendre ce qui déclenche la thyroïde de Hashimoto. Toutefois, il est dit que cette maladie pourrait apparaitre suite à un stress ou une infection virale.
- l’altération de la glande thyroïde peut être causée par un traitement à base d’iodes radioactifs. En effet, lorsqu’il y a présence de nodules, de cancer ou de tumeurs au niveau de la thyroïde, on fait recours à ce type de traitement ou à une chirurgie pour procéder à l’enlèvement de la glande thyroïde. Dans 80 % des cas, le traitement à l’iode radioactif génère une hypothyroïdie permanente.
- une radiothérapie au cou est un traitement qui peut causer une hypothyroïdie. Dans près de 50 % des cas, cette hypothyroïdie peut être passagère. Dans 25 % des cas, elle est permanente.
- une défense du corps contre la thyroïde peut déclencher une réaction chez plus de 9 % des femmes. Cette réaction se déclenche quelques mois après l’accouchement. Dans ce cas, il s’agit d’une thyroïde post-partum. Encore appelée thyroïde subaiguë, la thyroïde post-partum entraine, dans 40 % des cas, une hypothyroïdie caractérisée par des symptômes, généralement transitoires.
Plus rarement, l’hypothyroïdie peut –être causée par plusieurs autres facteurs :
- certains médicaments dont font partie le lithium et l’amiodarone. Le lithium est utilisé pour traiter nombre de troubles psychiatriques. L’amiodarone quant à lui est prescrit à ceux qui souffrent de troubles cardiaques. Ces deux médicaments peuvent provoquer une hypothyroïdie.
- une anomalie congénitale de la thyroïde peut causer une hypothyroïdie. L’anomalie congénitale regroupe les troubles au niveau des hormones et le crétinisme, c’est-à-dire une carence en iode. Parfois, la glande thyroïde peut ne pas se développer de façon normale ou encore ne pas avoir un bon fonctionnement. Cette anomalie congénitale est présente dès la naissance et il est possible de dépister l’hypothyroïdie grâce à un test sanguin, quelques jours après la naissance.
- le mauvais fonctionnement de l’hypophyse. L’hypophyse est la glande régulatrice de la thyroïde, grâce à l’hormone TSH. Le dysfonctionnement de l’hypophyse constitue 1 % des cas d’hypothyroïdie.
- la glande thyroïde peut se retrouver infectée ; l’infection peut être virale ou bactérienne.
- la fonction thyroïdienne de l’enfant peut être affectée par le tabagisme de la mère. En effet, la consommation du tabac pendant l’allaitement réduit la quantité d’iodes qui passent dans le lait maternel.
- des carences en sélénium, en zinc et en iodes sont des facteurs de risques ;
- consommer beaucoup d’aliments goitrogènes, c’est-à-dire pouvant causer un goitre, peut provoquer une hypothyroïdie. Ces aliments bloquent le captage de l’iode par la glande thyroïde, l’empêchant ainsi de fabriquer normalement les hormones thyroïdiennes. Au nombre des aliments goitrogènes, on peut citer : le brocoli, le chou frisé, le chou de Bruxelles, le radis, le raifort, le rutabaga, les feuilles de moutarde, le millet, le manioc, l’arachide, les patates douces, les graines de soya, etc. Il faut noter que ces cas ne surviennent pas souvent dans les pays industrialisés, puisque les habitants de ces pays ont le choix entre de nombreuses variétés d’aliments.
Les symptômes de l’hypothyroïdie
La glande thyroïde joue un rôle très important dans la régulation de l’organisme. Tout le métabolisme de l’organisme est perturbé lorsqu’il y a dysfonctionnement au niveau de la thyroïde. Elle connait une baisse d’activité ; et c’est là que les symptômes de l’hypothyroïdie font leur apparition.
Ces symptômes apparaissent progressivement et sont liés directement au ralentissement du métabolisme. Ils varient en fonction de l’âge du malade, de la cause de l’hypothyroïdie, et de l’importance du déficit hormonal. Les symptômes généraux les plus fréquents sont :
- une fatigue intense associée à un manque d’énergie ;
- une hypothermie ;
- un goitre qui apparait au niveau du cou ;
- un manque d’appétit ;
- une prise de poids qu’on ne peut expliquer et qui provoque souvent un œdème ;
- un essoufflement causé par le ralentissement du rythme cardiaque ;
- le taux de cholestérol dans le sang connait une augmentation ;
- des douleurs et crampes dans les articulations et dans les muscles ;
- une constipation ;
- un gonflement du visage et des yeux ;
- la température du corps connait une baisse (hypothermie) ;
- des difficultés à se concentrer ;
- perte de cheveux ;
- des troubles au niveau du cycle menstruel ;
- une infertilité ;
- des pertes de mémoire (au niveau des personnes âgées) ;
- une pâleur et une sécheresse au niveau de la peau ;
- des frissons ;
- un état frileux ;
- des cheveux cassants et secs ;
- une voix enrouée et plus grave.
L’hypothyroïdie congénitale ou néo-natale
Environ 1 enfant sur 4000 contracte l’hypothyroïdie dès la naissance à cause d’une malformation ou d’un dysfonctionnement au niveau de la glande thyroïde. Lorsque l’hypothyroïdie congénitale est négligée et non traitée, elle peut avoir des répercussions graves sur le développement physique et mental du nouveau-né.
En France et au Canada, l’hypothyroïdie congénitale est dépistée de façon systématique chez tous les nouveau-nés grâce à un test sanguin. Ce test sanguin a vu le jour en 1970 grâce à des chercheurs canadiens. Le dépistage de l’hypothyroïdie congénitale permet de donner un traitement aux nouveau-nés afin de prévenir les conséquences néfastes que cette maladie peut avoir sur la santé de l’enfant.
Lorsque l’hypothyroïdie se déclenche tôt chez l’enfant, on remarque les symptômes suivants :
- une taille inférieure à la normale caractérisée par un poids normal ou plus élevé ;
- une jaunisse néonatale qui dure plus de 8 jours ;
- le lanugo persiste ;
- des fontanelles élargies ;
- une constipation ;
- des troubles au niveau de la succion ;
- un manque d’appétit ;
- une langue plus grosse que la normale ;
- des cernes de couleur bleue au niveau des yeux et des narines ;
- une hypotonie au niveau des muscles ;
- de la somnolence ;
- une peau sèche ;
- des cris rauques (ce qui est anormal) ;
- il pleure peu ;
- les facultés psychomotrices sont acquises de façon tardive ;
- un retard au niveau de la croissance.
Lorsque l’hypothyroïdie se déclenche tardivement chez un enfant plus grand, d’autres symptômes se font remarquer :
- une grosseur des mollets causée par une augmentation du volume des muscles ;
- les résultats scolaires de l’enfant connaissent une baisse ;
- un retard de croissance.
Le diagnostic d’une hypothyroïdie
Lorsque vous consultez votre médecin, il procède d’abord à une recherche de goitre. Grâce à un examen clinique, il se chargera de retrouver les symptômes de l’hypothyroïdie. Néanmoins, le médecin procède également à un diagnostic différentiel ; car l’hypothyroïdie se confond très souvent au syndrome qualifié de « basses hormones thyroïdiennes ». Le syndrome des basses hormones thyroïdiennes se caractérise par un taux normal du TSH alors que le nombre des hormones thyroïdiennes est bas. Ce syndrome survient au niveau des patients atteints de maladies graves comme le cancer (à un stade très évolué).
Afin d’établir un diagnostic complet, le médecin vous fera passer des examens et des analyses complémentaires. Ces examens sont nombreux :
- le bilan sanguin: il consiste à doser le TSH, les hormones thyroïdiennes et des anticorps antithyroïdiens. Ce bilan peut faire révéler des troubles de la coagulation, une anémie, une augmentation au niveau des enzymes musculaires, des troubles ioniques, un taux élevé du cholestérol dans le sang ;
- une échographie : elle étudie la structure de la glande thyroïde tout en précisant ses dimensions ;
- les examens isotopiques : ils sont réalisés à l’aide d’iodes radioactifs et sont recommandés dans les cas de goitre nodulaire. Comme exemple d’examen isotopique, on peut citer la scintigraphie thyroïdienne.
Les traitements de l’hypothyroïdie
L’hypothyroïdie ne se guérit pas, mais il se régule très bien lorsqu’on suit le traitement convenable. En effet, le traitement consiste à prendre des hormones thyroïdiennes de substitution. Ces hormones sont prises sous forme de thyroxine. L’hormonothérapie substitutive permet de remédier au dysfonctionnement de la thyroïde, mais aussi de rétablir le métabolisme en le ramenant à la normale.
Le médecin prescrit une hormone de synthèse au patient ; celle qu’ils prescrivent le plus, c’est sans doute la lévothyroxine. L’hormone de synthèse doit être prise tous les jours afin de remédier au problème de dysfonctionnement de la glande thyroïde. La plupart des personnes atteintes d’hypothyroïdie devront suivre quotidiennement ce traitement pendant toute leur vie. La prise d’hormones de synthèse favorise la correction des symptômes d’hypothyroïdie en l’espace de quelques semaines chez les adultes. Au niveau des personnes plus âgées ou présentant des troubles cardiaques, le délai peut-être plus long. Pour eux, on augmente les doses de façon progressive afin d’épargner leur cœur. Dans leur cas, le médecin peut prescrire des bêtabloquants afin de prévenir les risques coronariens. Le traitement de ces personnes se fait souvent par hospitalisation.
Le médecin peut prescrire de façon exceptionnelle, de la triiodothyronine, en plus de la thyroxine. Souvent, cette prescription est temporaire. En fait, une partie de la thyroxine est transformée en triiodothyronine. La prise de cette dernière n’est donc pas vraiment nécessaire.
Quelques mois après le début du traitement, un suivi médical a généralement lieu. Il s’effectue chaque année ou alors dès la notification de signes d’hypothyroïdie ou d’hyperthyroïdie. Le suivi médical permet de vérifier si la dose de traitement convient toujours à l’organisme, s’il régule toujours le métabolisme. En effet, les besoins de l’organisme en matière d’hormones thyroïdiennes varient selon l’âge ou l’évolution de la maladie. Une grossesse peut également constituer un facteur de variation.
Les mesures de dépistage de l’hypothyroïdie
Dans les pays industrialisés, le dépistage de la maladie est effectué à l’hôpital au niveau de tous les nouveau-nés. On prélève des échantillons de sang sur leur talon ; les échantillons sont mis sur un papier filtre. Le dépistage se fait idéalement entre 3 et 6 jours après la naissance. Les analyses des échantillons permettent le taux de l’hormone TSH et celui de la triiodothyronine (cas limites). Le dépistage précoce permet de traiter rapidement la maladie et d’éviter ses conséquences néfastes sur la santé de l’enfant.
Au niveau de l’adulte, il est recommandé de mesurer de façon périodique le taux du TSH dans le sang chez les personnes à risque et ceux présentant des signes d’hypothyroïdie.
Les complications possibles de l’hypothyroïdie ?
Lorsqu’elle n’est pas traitée, l’hypothyroïdie peut évoluer et donner lieu à de graves complications.
- des complications cardiovasculaires : infarctus du myocarde suite à une angine de poitrine, la taille du cœur connait une augmentation, une péricardite.
- un coma myxœdémateux : généralement chez les personnes âgées. Il est souvent associé à une bradycardie, une hypothermie. Cette complication cause 50 % des décès dus à l’hypothyroïdie.
Chez la femme enceinte, la négligence de l’hypothyroïdie peut entrainer une fausse couche, une hémorragie au niveau du post-partum, une prééclampsie, une hypertension artérielle. Aussi, le développement du système nerveux du fœtus peut être affecté puisqu’il dépend des hormones maternelles. Une hypothyroïdie non traitée peut également engendrer une hypotrophie et troubler le développement neuro-intellectuel de l’enfant.
Comment vivre avec l’hypothyroïdie ?
Lorsqu’on combine traitement, suivi médical et bonne hygiène, les symptômes disparaissent rapidement. Voici quelques conseils qu’il est primordial de suivre :
- respectez et allez à tous vos rendez-vous et examen médicaux ;
- prenez votre traitement au sérieux ;
- ne changez rien au traitement sans demander l’avis de votre médecin ;
- avant de prendre tout autre traitement, consultez votre médecin ;
- ayez une alimentation équilibrée ;
- si vous remarquez des symptômes anormaux, allez rapidement voir votre médecin ;
- optez pour des activités douces comme la natation ou la marche.