Les difficultés professionnelles, scolaires ou sociales auxquelles sont confrontées les personnes qui ont de sévères troubles psychiques sont la plupart du temps engendrées par des problèmes cognitifs. Pour leur permettre de retrouver une vie normale, divers traitements, dont la remédiation cognitive, sont aujourd’hui proposés. Cette méthode de traitement regroupe plusieurs outils thérapeutiques qui grâce à l’utilisation de méthodes d’apprentissage permettent de restaurer ou compenser les difficultés cognitives. Les informations disponibles dans cet exposé vous permettront d’en savoir plus sur les principaux atouts de la remédiation cognitive.
Sommaire
La remédiation cognitive, qu’est-ce que c’est ?
Forme de thérapie du comportement, la remédiation cognitive est une méthode qui permet de traiter efficacement les troubles cognitifs.
Actuellement en plein essor, cette solution de traitement est, face aux pathologies qui affectent les capacités d’attention et la mémoire, une voie assez prometteuse. Notons que cette solution de traitement s’appuie essentiellement sur plusieurs théories de :
- La connaissance ;
- L’intelligence ;
- Le traitement de l’information.
Au cours des années 90, des recherches effectuées par R. Feuerstein et R. Debray ont permis de réaliser les dessins des premières facettes de la technique de thérapie du comportement. L’objectif principal de la remédiation cognitive demeure par ailleurs la réduction des troubles de la connaissance, de l’attention et du comportement. Il est question ici d’un entraînement mental spécifique grâce auquel l’on peut procéder à la prise en charge et à l’amélioration des déficits cognitifs qui se manifestent la plupart du temps sous la forme de :
- Troubles de l’attention ;
- Troubles de la mémoire ;
- Troubles des capacités à organiser de manière adéquate la parole et les actions.
Pour l’obtention d’efficaces résultats, la remédiation cognitive se base le plus possible sur des exercices qui visent :
- Le développement de la mémoire ;
- Le développement de l’attention ;
- Le développement des fonctions motrices ;
- Le développement du langage.
Dans certains cas, cette solution contribue aussi grandement à l’amélioration de l’équilibre émotionnel, des aptitudes sociales et des capacités de chaque patient à construire et entretenir des relations avec d’autres personnes.
Il faut toutefois préciser que la remédiation cognitive n’a pas pour objectif de remplacer les spécifiques formes de psychothérapie ou même les traitements médicamenteux. Elle a plutôt pour but de compléter et renforcer au mieux leurs différents effets. En effet, pendant que les traitements médicamenteux ont une action sur les récepteurs du cerveau, la psychothérapie agit de son côté sur la perception que le patient a de son environnement ou de lui-même. Le neurofeedback aurait quant à lui un impact sur les reconnexions neuronales.
La remédiation cognitive, pour qui ?
La remédiation cognitive étant une solution de traitement qui se rapporte à la rééducation des diverses fonctions cognitives qui sont altérées, elle est en particulier indiquée pour :
- Les enfants qui souffrent de TDAH ;
- Les enfants qui sont confrontés à des troubles psychotiques ;
- Les patients qui présentent un léger déficit des capacités cognitives ;
- Les personnes qui ont été victimes d’accidents qui ont eu un impact sur les fonctions de leur cerveau ;
- Les personnes âgées qui présentent des pathologies neurologiques.
Il faut préciser ici que l’on se tourne vers la remédiation cognitive dans les cas où la réalisation d’une évaluation neuropsychologique a permis d’objectiver la présence de troubles cognitifs (notamment des difficultés à planifier des tâches ou à mémoriser des informations). Les troubles cognitifs en question ont la plupart du temps un impact sur la vie quotidienne. Notons également que chaque programme de remédiation cognitive qui est appliqué cible le plus souvent divers processus cognitifs. Il peut par exemple être question de :
- La planification ;
- La flexibilité ;
- La cognition sociale ;
- La mémoire.
Bien que certains programmes ont recours à l’informatique, le fait qu’un thérapeute soit présent tout au long du processus s’avère être un véritable gage de réussite du programme qui est mis en œuvre. Ceci est dû à la prise en compte des besoins spécifiques du patient ainsi qu’à l’accompagnement personnalisé qui lui est offert. De même, dans le but de rendre aisé le transfert dans la vie quotidienne des différents bénéfices que les patients ont pu acquérir au cours des séances, il est primordial que des personnes proches (professionnels ou aidants naturels) soient impliquées dans le processus de traitement.
Modalités d’utilisation de la remédiation cognitive
Il est possible d’employer la remédiation cognitive chez tous les patients en mesure de s’investir de manière active et régulière dans une prise en charge. Les patients en question doivent aussi pouvoir se concentrer aisément (intensité de l’attention, motivation) durant les séances qui durent le plus souvent quelques dizaines de minutes. Il est pour ce faire indispensable d’évaluer avec précision le niveau de cognition des patients concernés avant de leur proposer un programme de remédiation cognitive qui leur correspond. Il importe aussi pour cela de réaliser dans un premier temps le ciblage de tous les domaines cognitifs qui sont déficitaires. Il faudrait également prendre le temps de connaitre le plus possible la nature des déficits en question.
L’idéal serait aussi de rendre aisé au patient le choix de ses objectifs personnels. Ces derniers devront être axés sur des situations qui ont un lien avec sa vie de tous les jours. Une prise en charge de ce type permettrait alors au patient de profiter d’une meilleure autonomie aussi bien dans sa vie professionnelle que dans sa vie sociale. Vis-à-vis du patient, il importe par ailleurs de cibler avec soin et précision le bon niveau de difficulté. Il faudrait donc s’appesantir sur le fait qu’il :
- Décroche vite ;
- Est trop facile ;
- Est trop difficile ;
- Se vexe rapidement.
En savoir plus sur la prise en charge
La prise en charge des patients s’articule essentiellement autour de deux principales techniques. La première consiste à réaliser un entrainement des fonctions cérébrales à partir d’exercices que l’on répète à plusieurs reprises. Cela permet d’effectuer spécifiquement un travail sur les différents niveaux déficitaires de la fonction cognitive. Les modules d’entrainement sont au nombre de cinq et se présentent comme suit :
- La mémoire verbale ;
- La mémoire de travail ;
- Le raisonnement et la résolution de problème ;
- L’attention sélective ;
- La mémoire et l’attention visuo-spatiale.
La deuxième technique consiste à réaliser une rééducation tout en mettant l’accent sur les fonctionnements cognitifs qui sont préservés. Le patient est dans ce cas encouragé à procéder au développement de stratégies qui lui permettront de mieux traiter les informations. Très simple d’utilisation, la remédiation cognitive est une méthode qui a pendant longtemps fait l’objet de plusieurs études contrôlées. Bien qu’elle soit efficace et que ses résultats sont indéniables sur la durée, cette technique demeure jusque-là peu étendue en France.
Durant une conférence qui a eu lieu en 2010, Franck Nicolas a indiqué que seulement 2 % de personnes atteintes de schizophrénie bénéficiaient de ce traitement.
Les formes qu’elle peut prendre
Pour venir à bout de certains troubles grâce à la remédiation cognitive, les professionnels en la matière ont le choix entre différents programmes, à savoir :
- CRT ;
- RECOS ;
CRT
Il s’agit ici d’un entraînement individuel où la flexibilité cognitive est beaucoup plus visée. Ce programme est particulièrement intéressant lorsqu’on veut venir à bout des dysfonctions exécutives. Cette méthode a recours à des techniques d’apprentissage progressives et variées. Elle se base également sur le principe de l’apprentissage exempt d’erreur. Même si tous les patients qui suivent ce traitement suivent un schéma thérapeutique similaire, sa réalisation se doit d’être adaptée à leurs différents besoins. Ce programme est composé de trois modules, à savoir :
- La mémoire ;
- La flexibilité cognitive ;
- La planification.
Les fonctions exécutives, la mémoire ainsi que l’attention pourront être améliorées grâce à la répétition des différents exercices durant la prise en charge. La verbalisation peut également contribuer à une positive amélioration de l’état du patient. Les séances ont par ailleurs une durée totale de 40 heures environ (à raison de 2 ou 3 heures par semaine). Cette méthode utilise également des exercices de papier-crayon qui conviennent au niveau du patient. Le risque d’échec est donc très limité. Selon la progression du patient qui reçoit le traitement, l’on augmente au fur et à mesure le niveau de difficulté. Cette thérapie est en outre adaptable et utilisée pour tous les profils de patients qui souffrent de :
- Psychoses ;
- Bipolarité ;
- Anorexie mentale ;
- Troubles autistiques ;
- Pathologies du développement.
RECOS
Ce programme de remédiation est en réalité une forme de thérapie dont le but est d’aider les personnes qui souffrent de schizophrénie ou d’un trouble associé à réussir à améliorer efficacement les performances de leur mémoire ainsi que celles du raisonnement et de la concentration. Au fil du temps, ce programme permet aussi aux patients d’avoir une meilleure autonomie, ce qui leur facilite la vie. Il faut préciser que ce programme qui a été développé à Lausanne met un accent particulier sur :
- La mémoire verbale : elle intervient pour l’enregistrement ou le rappel d’informations variées telles que le sujet d’une conversation, le contenu d’un roman ou encore les activités réalisées durant le weekend ;
- La vie quotidienne : elle nécessite que l’on porte régulièrement son attention sur la forme de divers objets ou que l’on soit capable de représenter fidèlement leur position dans l’espace. L’attention visuo-spatiale et la mémoire permettent quant à elles de stocker et d’analyser les informations visuelles, ce qui contribue au développement des activités au sein d’un environnement ;
- La mémoire de travail : elle intervient durant le maintien temporaire et le traitement des informations qui sont indispensables à la mise en œuvre d’activités cognitives variées comme l’apprentissage, la compréhension et le raisonnement ;
- Le raisonnement : il correspond à l’aptitude d’une personne à élaborer et planifier des propositions ainsi que leur planification.
Dans la mesure où toutes les fonctions cognitives sont évaluées avant l’entrainement en question, le programme de remédiation parvient à être adapté au profil de chaque patient.
NEAR
La méthode NEAR est une méthode qui vise l’amélioration des fonctions cognitives (attention, mémoire, planification) qui sont distribuées en groupe. Tout en alliant groupes de thérapies comportementales et exercices cognitifs, cette méthode est principalement centrée sur la motivation. Généralement dispensé en 4 mois, avec des séances de travail qui varie entre 1 h et 1 h 30, ce programme offre la possibilité aux membres du groupe de s’entrainer tous ensemble et donc d’améliorer plus efficacement leurs fonctionnements cognitifs.
Mieux comprendre la technique de remédiation appliquée au TDAH
De nos jours, la remédiation cognitive apparait comme une solution de choix aux traitements médicamenteux et au neurofeedback chez les enfants souffrant de TDAH. Ce dernier se rapporte notamment au syndrome du déficit de l’attention qui touche les jeunes. Il se caractérise essentiellement par trois symptômes, à savoir :
- L’inattention : notamment la difficulté à rester concentré ou à se concentrer sur une activité ou une tâche ;
- L’hyperactivité-impulsivité : il est question ici d’une impulsivité et d’une activité excessives ;
- Le combiné : il se réfère à la combinaison de problèmes d’activité/impulsivité et d’inattention .
Le TDAH touche par ailleurs 3 à 5 % des enfants. Notons que le risque que ce trouble touche les garçons est trois fois plus élevé que celui des filles. Outre les enfants, le TDAH peut aussi toucher des personnes de tous les âges, même les adultes. Lorsqu’il touche les enfants, le TDAH se caractérise par la manifestation d’un récurrent problème d’attention. Il se manifeste notamment par :
- Des oublis constants ;
- Des problèmes pour finir des tâches proposées ;
- Une véritable tendance au zapping.
Par ailleurs, même durant des situations qui requièrent du calme, les enfants touchés par le TDAH font aussi preuve d’une certaine hyperactivité motrice. Leurs mouvements sont également inefficaces et désordonnés. Les enfants sont en outre incapables de faire preuve de patience et ils ont même tendance à corrompre de manière continue leurs camarades. Afin de venir à bout de ces diverses manifestations du TDAH, diverses activités qui nécessitent une attention soutenue sont proposées par les experts de la remédiation cognitive. Notons que les activités en question s’adressent en majorité à la mémoire de travail.
Pour permettre par exemple aux enfants touchés par la TDAH de parvenir à mémoriser facilement les couleurs d’un objet ou sa forme, des jeux variés leur sont soumis. Ces jeux leur permettront également d’identifier avec plus de facilité ces objets lorsqu’ils se retrouvent dans leur champ de vision. L’objectif visé ici est la sollicitation de la mémoire de travail, ce qui permet par la suite de développer avec efficacité l’attention sélective. De leur côté, les exercices auxquels sont soumis les patients permettent au thérapeute de parvenir à cerner plus aisément les différents déficits cognitifs. Une fois que ces derniers sont identifiés, le thérapeute parvient à cibler plus facilement le reste de la thérapie comportementale nécessaire. C’est en cela que la remédiation cognitive est assez complémentaire et qu’elle favorise la potentialisation d’une rééducation à domicile à partir du neurofeedback.